Le journal de 20h de France 2 consacrait le 29/07/2014 un reportage à la police scientifique où était présenté l’odorologie. Cette méthode d’identification, mise au point en Hongrie, repose sur l’idée que la signature corporelle d’un individu est unique et qu’elle permet de distinguer les individus entre eux. Les différents signaux olfactifs présents sur la scène de crime sont alors recueillis puis conservés afin de pouvoir ensuite être comparés aux odeurs des personnes suspectées. Les odeurs peuvent être conservées pendant 10 ans et permettre à des chiens entraînés de conforter les soupçons qui pèsent sur un individu. Ce recours aux odeurs corporelles n’est pas nouveau puisque l’on sait qu’en Allemagne de l’Est la Stasi, non contente d’assurer une surveillance généralisée de la population, recueillait, elle aussi, des odeurs corporelles qu’elle prélevait sur des habits ou des tissus posés sur des chaises d’interrogatoires.
Rien de plus normal que de confier à l’appendice nasal du chien cette tâche. Le chien possède en effet un seuil de détection de 10 000 à 100 000 fois plus bas que le nôtre (Walker et al., 2006). Depuis longtemps utilisé pour la chasse, le nez du chien est également employé par les douaniers pour lutter contre les trafics de drogue ou pour la détection d’explosifs (Furton and Myers, 2001).
Moins connu est le recours aux chiens pour la détection de certaines maladies. En effet, certaines pathologies émettent des odeurs : diabète, asthme, tuberculose, schizophrénie, cancer (prostate et vessie, poumon, sein, mélanome, lymphome, leucémie, ovaire), les infections bactériennes, certaines maladies génétiques… Le chien s’est montré plus particulièrement performant dans la détection de cancers comme ceux de la peau, de la vessie, des poumons, des ovaires, du sein, ainsi que du colon (Sonada et al, 2011) (De Boer et al, 2014). Pour certains cancers, les chiens utilisés sont capables d’identifier sans se tromper les individus malades et les individus non malades. Ils seraient en mesure de détecter des cancers à des stades précoces lorsque d’autres outils de diagnostic sont inefficaces. Ce mode de diagnostic présente également l’avantage d’être non intrusif. D’autres recherches évoquent également la capacité des chiens à détecter des crises d’hypoglycémie ou à prévenir l’arrivée de crises d’épilepsie.
Le nez des chiens n’est pas simplement utilisé pour la détection de maladies. En matière d’environnement, les chiens peuvent également être utilisés pour détecter la présence de punaises de lits (Vaidyanathan and Feldlauferou, 2013) ou de termites (Brooks and Koehler, 2003). Dans le cas de ces infestations, il est souvent essentiel de pouvoir détecter précocement la présence de ces insectes afin d’éviter leur propagation. Le principal obstacle à une utilisation plus importante des capacités des chiens est probablement lié à la difficulté qu’il y a à former un chien. C’est pour cette raison que l’on étudie la capacité d’autres animaux à réaliser cette tâche. C’est le cas notamment des abeilles. Ainsi, on étudie la capacité de ces dernières à être utilisées pour la détection de mines antipersonnelles (Kasban et al, 2010). L’association non gouvernementale Apopo propose quant à elle les services de rats que ce soit pour la détection de mines ou confirmer un diagnostic de tuberculose dans les hôpitaux (apopo.org).
Ces différents exemples montrent qu’il est possible d’associer à une maladie ou un « phénomène » (présence de drogues, d’explosifs…) un signal olfactif. Les animaux comme les chiens peuvent être une solution pour assurer la détection de ces signaux. Cependant, on peut également imaginer que dans un futur plus ou moins proche, il sera possible de concevoir des détecteurs capables de détecter tel ou tel signal olfactif afin de réaliser ces diagnostics de manière autonome.
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